‘’A mal d’amour, lasse’’ évoque les nombreux ressentiments de la femme, surtout dans les sociétés traditionnelles africaines où perdurent encore la conception selon laquelle celle-ci n’a de rôle qu’au foyer. Il nous fait surtout vivre les nombreux sacrifices qu’elles sont prêtes à consentir – bien souvent par amour – dans le silence de la douleur, au nom de la famille, des enfants et plus encore, des valeurs sociétales.
Il est de mes habitudes d’introduire mes préfaces sur les œuvres d’autres auteurs par une citation ou une pensée célèbre. Mais, pour une fois, je me vois contraint de faire une exception et ce, pour la bonne cause.
J’ai tout simplement décidé d’introduire la présente analyse par un extrait de l’œuvre qui m’est soumis. Tellement il est porteur de sens, pousse à la réflexion et résume à lui seul le message que Dolibe entend véhiculer : «Non, tu ne peux pas faire ci, tu ne peux pas te permettre ça; c’est comme cela la vie de la femme chez nous, dans nos cultures ; une femme doit non seulement se marier mais tout faire pour rester dans son foyer quoiqu’il lui en coûte,c’est important pour son image, pour le respect de sa famille et pour sa dignité».
‘’A mal d’amour, lasse’’ évoque les nombreux ressentiments de la femme, surtout dans les sociétés traditionnelles africaines où perdurent encore la conception selon laquelle celle-ci n’a de rôle qu’au foyer. Il nous fait surtout vivre les nombreux sacrifices qu’elles sont prêtes à consentir – bien souvent par amour – dans le silence de la douleur, au nom de la famille, des enfants et plus encore, des valeurs sociétales.
Mais, il convient, de nuancer car, cette idée répandue n’est pas exclusivement africaine. Elle a même traversé les âges et impacté de nombreuses sociétés à travers le monde. Ceci se confirme d’ailleurs dans ‘’le féminisme’’ de l’écrivain français Emile Faguet paru en 1910 lorsqu’il interpellait :
«Les femmes ne sont pas assez intelligentes pour exercer les professions viriles.» […] La réponse, c’est: «Eh bien! alors!» Si elles ne sont pas assez intelligentes pour exercer ces fonctions, que craignez-vous d’elles? Laissez-les faire! Elles s’y casseront le nez et vous serez triomphants! […] On dit: «Jamais les femmes n’ont eu de génie! Elles n’ont ni écrit l’Iliade, ni peint la chapelle Sixtine, ni découvert l’attraction. » L’argument est puéril […]. Il s’agit de plaider des causes, de soigner des pneumonies, de juger des procès, d’écrire des articles et des romans, de professer la littérature et la physique, de préparer des remèdes dans une officine de pharmacien. Jamais il n’a fallu de génie pour tout cela. »
Certes, le développement des idées de l’auteure que j’assimilerai à une lettre ouverte ou mieux à une sonnette d’alarme vise moins à s’appesantir sur le statut de second rang trop souvent attribué à la femme. Il s’agit bien plus d’une invite à une véritable prise de conscience d’abord de la gent féminine elle même dont certaines semblent parfois s’accommoder des égarements de la société. Des hommes ensuite qui pourraient bien contribuer à asseoir un statut plus flatteur et respectueux de leur mère, de leurs épouses, de leurs sœurs, de leurs filles.
Le travail incombe à chacun de nous sans distinction d’âge, de sexe ou de rang social. Il y a simplement lieu de poursuivre et d’intensifier avec plus de volonté et de détermination, le travail commencé il y a déjà des années.
Dolibe nous y invite d’ailleurs dans la conclusion de son ouvrage. En effet, la référence faite aux psaumes en fin de récit vise non seulement à affirmer la confiance de l’auteur en son créateur mais aussi et surtout, à rappeler sans aucun doute, à ceux qui semblent toujours ne pas comprendre qu’au commencement, Dieu, en créant l’homme et la femme les a modelés à son image dans une logique de complémentarité et non de servitude.
Je nous invite tous, au fil des lignes du présent ouvrage à méditer continuellement cette pensée par laquelle Victor Hugo nous rappelle que «Si Dieu n’avait fait la femme, il n’aurait pas fait les fleurs. »